MITHRIDATIC – Tetanos mystique
Tracklist :
1. God’s blindspot
2. The dead mountain of life
3. Lotophagus (Lotus eaters dream)
4. Le sevrage
5. The night torn from herself
6. Toothless bite
7. Phosphenes aura
8. Tetanos mystique
Résumé de la débauche précédente :
Une créature bâtarde Séduisante
« Miserable miracle », premier album de Mithridatic, est une date discrète mais importante.
Lorsque je découvris le groupe j’étais bien dans ma vie. Je n’avais pas de raisons spéciales de venir me frotter à la folie éclatante de la musique de ce groupe. Le mélange des genres au premier abord que le groupe me proposait me plut dès les premières écoutes.
Au regard déterminé
Le groupe était précis et technique, et nombre de passages pouvaient frôler la virtuosité, seulement le groupe était habité… Possédé, empoisonné par le venin d’un diable pervers et décadent qui rendait les riffs infernaux et transcendait ainsi les compos. Enfin une musique qui ne s’intéresse pas à contenter le deatheux, ou le blackeux, le hardcoreux, ou … Bref… Enfin une musique incarnée. On n’est jamais dans la brutalité pure, jamais dans le malsain black pur, on oscille toujours…
Avec classe le groupe nous fait voyager dans un lupanar digne de ce nom, dans une pensée qui transforme les corps en jarre de vices. Dès l’introduction de l’album on comprend que la multitude est glauque… Ici la misanthropie se doit d’intervenir, les cœurs sacrés d’enfants violés par une organisation perverse se cachant derrière un discours de pureté.
‘Aux exquis parfums et charmes étranges‘
Inutile de citer des passages ou des moments, l’album n’étant pas parfait ou exceptionnel : il a son lot de maladresses. Quelques longueurs et quelques riffs un peu génériques viennent se perdre dans cette ode au décadentisme. Mais au final, alors que nous ne retenons ni les arrangements, ni les mélodies, l’ambiance putride peu commune nous retient…
… Peu commune effectivement ! Ici pas d’éloge au satanisme, ni non plus à la misanthropie bourgeoise dont raffole ces chers chevelus aux visages livides. Juste un hommage sincère et sans ironie à la décadence, en tant que mode de vie. Plus encore, à l’art décadent du 19ème siècle (ou plutôt devrais-je dire jugé décadent).
Dans les thématiques, le visuel et finalement la musique ; une esthétique particulière apparaît. Le groupe ne rejette pas l’apport des influences techniques qu’ils ont pu avoir, ils prennent tout ce qui est déjà trouvable dans le death technique comme old school etc… Et distord le tout subtilement : ce n’est pas au premier abord qu’avec « Miserable miracle » nous réalisons que nous somme à l’écoute d’une œuvre singulière. Cela se fait petit à petit, lorsque la force d’interprétation nous saute aux tympans, lorsque les riffs les plus bateaux sont transcendés par les rythmiques qui les transportent…
… Et de fil en aiguille, ma chambre s’est transformée en boudoir décrépit ou m’attendez des vierges transpirantes de chaleur et d’excitation. Et les hommes se jetèrent dessus, le peu de vêtements qu’elles avaient furent déchirés et le miroir fut le seul personnage à ne pas rougir de honte ou de plaisir dans la pièce.
Aux charmes dissimulés sous les accoutrements de la banalité
Mithridatic est un poison qui ne provoquera pas de remous si vous en prenez à l’occasion d’une vidéo YouTube. Mais moi le goût m’a plu, alors j’ai tout bu…
… Je l’ai dans les veines, et j’ai épousé la non cause de l’art joyeux et souriant, de l’art festif et qui nous délivre notre fin dans notre assiette…
… Et alors ces belles créatures y plantent des fourchettes dorées, et en même temps qu’elles se soulagent dans notre coupe, nous sert ce mets d’un temps révolutionnaire à une table finement sculptée de bois lourd. Au cœur d’un verdoyant jardin ou agonise des suppliciés.
« Tetanos Mystique »
Résidence privée Hausmannienne
Avec ce nouvel album, le groupe a vu ses ambitions à la hausse : la production est parfaite et précise. Le visuel est extrêmement bien fait et très beau, presque harmonieux.
Plus beau, plus puissant, plus attrayant, Mithridatic semble vouloir se hisser parmi les groupes qui comptent, aux particularismes affirmés.
Si cette ambition se traduit par un choix de production et un visuel classieux, c’est au niveau musical qu’elle se fait très largement ressentir. M. Paradis ne chôme pas et fait vibrer d’un groove et d’une vitesse chaque compo. Les guitares ne sont pas en reste et suivent de façon millimétrées et proposent des passages tour à tour lancinant, hystérique et/ou furieusement précis !
Parlons souillure, élégamment drapés
Paradoxe de musiciens trop doués : Kevin Paradis à la batterie rend les morceaux plus dynamiques mais ô combien plus ‘professionnels’. La production met ici plus en valeur son jeu. Ses breaks millimétrés laissent peu de place au développement d’une malsaine attitude prônée par le groupe…
La guitare, technique et sèche, fait montre d’un beau jeu varié qui multiplie les façons de rendre bourrins ou malsains certains passages seulement… La technicité est de trop : un son trop propre, des breaks trop sages, on sent que tout est parfaitement mis en place, laissant peu de place à l’expression d’une folie salissante…
J’ai donc un sentiment d’être face à un groupe de nihilistes professionnels, (ne crains rien auditeur… ce sont des nihilistes) mais aucunement envahis par des vents de folies qui viennent inspirer à leurs cellules grises, les plus dérangeants et mystérieux arrangements, mélodies, et riffs…
Je ne vois qu’un travail propre et ambitieux dans sa propreté ; et jamais un groupe qui par sa maîtrise technique tente d’exprimer ces tourments qui les pourchassent…
Que nos latrines soient d’or, et nos putains des reines !
Pour autant nous n’avons pas à faire à une œuvre impersonnelle, plutôt à un bon album de death blackisant. Seulement, il loupe son objectif, à savoir nous étreindre et nous perdre au cœur de bourrasques d’hystérie et de folie ! Toujours maîtrisé, jamais ennuyeux, toujours prenant mais jamais déstabilisant, toujours incarné avec force, mais jamais un poil qui se dresse…
… Jamais un remugle intestinal…
Je ne peux pas objectivement considérer cet album comme mauvais, mais j’attendais Mithridatic là où ils ont échoué…
… Si j’attendais ce groupe pour la technicité, j’aurai encensé l’album…
… Pour le travail de compositions qui ne laisse jamais de place à l’ennui j’aurai applaudis…
… Seulement pour moi ce qui faisait la différence avec Mithridatic c’est l’ambiance et les concepts thématiques qu’ils trouvaient à explorer (Antonin Artaud s’il te plait). A la fois originaux, sacrément perchés et s’inscrivant dans une grande tradition de l’Art Décadent…
Avec cet album, je n’entends certes pas le côté un peu ‘« ‘patchwork’»’ du premier grappillant dans le death, le black, le hardcore, le doom, le post impressivo imprécis…
… Je ne retrouve pas non plus les quelques longueurs ou des morceaux un poil trop longs…
… Mais à mon grand dam je ne retrouve pas non plus la saveur si délicieusement envoûtante de la chatte de la petite fée verte que j’aimais approcher de mes lèvres brûlées par l’absinthe, qu’une putain mal fardée m’avait préparée, avant de poser sa bouche herpétique sur mon sexe violacé…
… Non ! … Je ne retrouve pas cette ambiance de mort et de pourriture, de décadence et de classieuse déchéance qui transpirait de l’album.
Madame, le dîner est servi
Le côté trop lisse, trop propre du son, trop précis et ciselé des riffs m’ont juste fait atterrir dans un musée des beaux arts fréquenté par quelques haut de forme, jetant un œil un tantinet méprisant sur ma redingote rapiécée et encore tâchée du sang de quelques jeunes putes vierges qu’Huysmans m’a présenté dans son salon.
Les mecs ont pris du galon, ils veulent plaire aux académiciens. Eh bien soit ! Malgré l’immense sympathie que j’ai pour ce projet il m’est dur de le voir partir en calèche. Alors qu’à l’époque Mithridatic était le compagnon de mon esprit étendue sur les pavés à l’odeur de pisse.
Ce compagnon attendait toujours avec moi : il était mon ami, il était ma solitude…
REVIENS MOI (en mauvaise santé) L’AMI ! REVIENS MOI (fou) !