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HATE ETERNAL – Fury and flames

Pochette de l'album "Fury and flames" du groupe Hate Eternal

Tracklist :
1. Hell envenom
2. Whom Gods may destroy
3. Para bellum
4. Bringer of storms
5. The funerary march
6. Thus salvation
7. Proclamation of the damned
8. Fury within
9. Tombeau (Le tombeau de la fureur et des flammes)
10. Coronach

Perte

Je tourne, vire, dévie, scrute, me perds, me noie, reviens, m’échoue, m’enfonce et reviens, m’époumone, chavire, chute, plonge, dérive, me débats, me résigne, me surpasse, je redescends, m’enfièvre, coule, m’agite, me désespère, échoue, insiste, me rends, m’évertue, m’abats, j’échoue.

J’échoue… Sur des côtes inhospitalières. Terre de feu… Le point du monde avant celui des Merveilles Abyssales.

Les sens des organes, fonctionnalité du vide

Veux plus voler au-dessus de la surface, tout très net et regard n’a plus de limites, mais ressens rien. Veux plus naviguer sur cette surface, sens les remous, mais perdu l’infini dans la chair.

Il faut plonger, aller toujours plus bas… On le sait quand on couche : ce n’est que le simulacre d’un mouvement du Monde. Mais on le sait quand on couche : il y a des limites à ne pas dépasser, sous peine d’abimer, détruire… Ni plus ni moins.

Jusqu’où descendre dans les Abysses ? Dans le noir ou l’extrême luminosité. Les Abysses ne sont pas sous nos pieds, ils ne sont pas au dessus de nos têtes, ils sont partout et dans la moindre parcelle.

Où est leur cœur ? Leur sève ?

Le cœur ce sont les yeux.

Partout… Il ne faut juste pas s’amouracher par l’illusion du fond, du vide… L’espace à remplir est un leurre… Le creux d’un sexe de femme est un leurre : c’est tout le corps qu’il faut embrasser, lécher. L’océan est un leurre : il ne faut pas tenter d’y plonger, il faut le caresser, notre main plongée est au bord de nos ténèbres. Le regard y est déjà en son cœur.

Le regard plonge, le corps suit.

Échantillon

« Fury and flames » de Hate Eternal c’est une caresse… Tellement de personnes ont confondu sa surface et sa profondeur.

Il faut dire que nous avons affaire à un océan d’âpreté, océan d’acide qui rend stérile, dissolvant toute volonté d’aller le conquérir. Laisse hagard les gaillards qui pensaient tout connaître de la brutalité, parce qu’ils ont poncé Defeated Sanity et des groupes de grind noise expérimental et bruitiste. Alors cet océa il ne semblait pas si infranchissable, et pas si abyssal non plus.

Effectivement, le traverser ne relève pas de la gageure… Nous ne sommes surpris par rien en l’écoutant d’une oreille : on le trouve juste brutal et mal produit, et hop on le met en bière sur une étagère et il vieillit sans être usé. Mais c’est comme prendre un seau d’eau salée et dire que l’on emporte l’océan avec nous : absurdement enfantin.

Et s’il n’y avait rien d’autre qu’une saturation désagréable ? Et si cet océan épais n’était que vide, qui se donnait des allures de pleine profondeur ?

L’échec

Toute œuvre est vaine et elle n’atteint jamais sa raison d’être : elle réitère dans chaque cœur les mêmes réussites et les mêmes échecs. Plus souvent les échecs d’ailleurs.

Un extrait des profondeurs exposé sur une étagère semble si banal au milieu des autres reliques d’une vie médiocre et riche.

Ce trophée fait partie d’un grand tout : et à l’écoute de cet album, je sens qu’il y a une surface à creuser pour atteindre l’intensité cachée qu’elle dissimule.

Seulement, je ressens une forme de déliquescence d’une puissance. D’une autorité souveraine de contrées où le regard ne pourra jamais se poser, le cœur jamais y vieillir.

Le secret

Un album qui ne mûrit jamais, qu’on écoute si peu, et un album qu’on serre fort, et qui en notre jugement vainc toutes les velléités du Monde à le rendre bon, beau, saisissable… Pieds dans le sable, il nous fait espérer l’horizon, il nous fait vaciller la raison.

De cela chacun se protège comme il peut.

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